Colloques et journées d’études

Appel à communication pour la journée d’études « La singularité chez le duc de Saint-Simon »

Château de Versailles, 9 mars 2013

Journée d’études organisée par le Centre de recherche du château de Versailles et la Société Saint-Simon.

Direction scientifique : Marie-Paule de Weerdt-Pilorge. Société Saint-Simon. Université François-Rabelais de Tours, ICD (Interactions culturelles et discursives).

Présentation du colloque

Spectaculairement mise en scène dans les manchettes ou simplement signalée dans le corps du texte, la singularité fait l’objet de la part de Saint-Simon d’une attention soutenue et il n’est pas rare qu’elle nécessite quelques prolongements narratifs ou discursifs indispensables à son épuisement. On pourra donc s’interroger sur les différents sens que recouvre le vocable en ce qu’il peut désigner le particulier, le rare, l’excellent, l’unique mais aussi le marginal, le capricieux, le bizarre voire le scandaleux, Saint-Simon exploitant largement toute la palette sémantique par rapport à un idéal présupposé comme tel ainsi qu’il apparaît dans les dictionnaires à l’âge classique.

La singularité concerne au premier chef l’entreprise mémorielle :
À quelles occasions la singularité fait-elle irruption dans le discours, comment s’insère-t-elle dans l’exégèse historique ?
Est-elle, au service de l’historien, un instrument de compréhension nécessaire à son analyse ou lui fait-elle résistance ?
Quelles significations et quelle crédibilité lui accorder ?
Permet-elle d’établir un lien de cause à effet dans le cours des événements ou ouvre-t-elle au contraire la porte à l’irrationalité, défiant ainsi toute tentative réflexive ?
Quels sens et quelle place donner aux récits singuliers qui viennent interrompre la marche de l’histoire et des grands événements comme celui de la comtesse de Verue à la cour de Savoie ?
Dans une société d’ordres telle que la conçoit Saint-Simon, la singularité peut paraître au premier chef une pierre d’achoppement mais n’est-elle qu’exclusive et ne porte-elle pas en elle-même une marge qu’il faut prendre en considération ?
La singularité des portraits, des caractères, des fortunes, des corps, des habitudes de vie, des mœurs offre une autre perspective sur le sujet. Qu’elle soit ponctuelle comme lorsque d’Antin reçoit le roi à Petit-Bourg ou plus structurelle quand elle concerne un Pontchartrain, un Fénelon ou une Ninon de Lenclos, elle renvoie à l’étonnante variété des individus chez Saint-Simon qui a tant fasciné Taine et Auerbach. De ce fait, elle permet de réévaluer des oppositions trop fortement marquées entre les personnes, de reconsidérer la relation de Saint-Simon à l’égard de ses contemporains qui est loin d’opposer bons et méchants. Elle permet de caractériser l’indicible d’un individu.
Les singularités langagières peuvent être aussi exploitées comme Saint-Simon le fait à propos de l’esprit Mortemart, le mémorialiste ne se jugeant pas lui-même comme un « sujet académique » et se caractérisant de fait comme un être singulier.

Il s’agira donc moins de fournir une typologie des singularités que de proposer une réflexion sur les canons esthétiques, historiques chez Saint-Simon. Car plus que « la curiosité » qui fait partie des récurrences sémantiques saint-simoniennes, l’usage du mot « singularité » chez le mémorialiste est sous-tendu par un discours sur un modèle implicite et sur « l’excentrique » à proprement parler comme « hors du centre », ce qui dessine une marge à définir et à caractériser. Écrire sur le singulier, c’est toujours noter une déviation par rapport à un modèle axiologique au croisement de l’aberration et de la séduction.
Ce discours est-il seulement celui d’une sensibilité personnelle ou bien est-il collectif et culturel ?
Connaît-il, selon ses inflexions historiques, individuelles, des invariants ou bien des distorsions et de quelle nature ?
Entre fascination et répulsion, le discours sur la singularité chez Saint-Simon explore-t-il une relation moins tendue qu’il n’y paraît à l’ordre ?

Pour répondre à cet appel

Les propositions de communication d’une vingtaine de lignes sont à envoyer pour le 15 janvier 2013 au plus tard à l’adresse suivante :
marie-paule.pilorge@univ-tours.fr

La publication des actes est prévue dans Les Cahiers Saint-Simon.

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